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  • Photo du rédacteurVogue Merry Mag

Peut-on déchiffrer les ponéglyphes ?

Les ponéglyphes, ces pierres emplies d’histoire et de mystères… Dans le manga, seule Nico Robin semble encore capable de véritablement décrypter cette langue ancienne. Ne vous êtes-vous jamais posé la question de savoir s’il était possible, à la manière des scientifiques d’Ohara, de les déchiffrer par vos propres moyens ? Et si Eiichiro Oda avait créé un alphabet cohérent de toutes pièces ? Cette question a probablement traversé l’esprit de nombreux fans de l'œuvre, et c’est ce que nous allons tenter d’élucider à travers cet article. Notez en revanche que le but de cet article est de comprendre s’il est possible de déchiffrer les ponéglyphes, et non pas d’en proposer une traduction. La tâche serait incroyablement complexe et nécessiterait des compétences très pointues, nous chercherons donc ici avant tout à alimenter la réflexion.


Que sont les ponéglyphes ?


La recherche se doit de commencer en reprenant les bases. 800 ans avant le début de l’aventure de Luffy et de ses compagnons, les ponéglyphes furent conçus sur ordre d’une ancienne nation par le clan Kozuki, très réputé pour son savoir-faire en taille de pierres. Il s’agit d’imposants monolithes cubiques, d’un noir profond et minéral, très durs et parfaitement lisses. Sur l’une des faces de ces pierres sont gravés des textes dans une langue ancienne et aujourd’hui inconnue. Le but des ponéglyphes était en réalité de préserver une histoire, alors sur le point de se faire effacer, au cours des siècles à venir. Ces pierres furent ainsi dispersées aux quatre coins des mers et placées sous la protection d’alliés de confiance, formant les fragments épars d’une histoire désormais perdue. La gouvernement mondial, vraisemblablement compromis par cette histoire, a déclaré leur traduction interdite, conduisant à la perte des clés permettant de les déchiffrer.



Lors de l’arc de l’île de Whole Cake, Tamago (membre de l’équipage de Big Mom) nous apprend qu’il existe en réalité trente ponéglyphes disséminés dans le monde, et qu’ils se divisent en trois catégories distinctes : les ponéglyphes antiques, sur lesquels figurent des morceaux de l’histoire antique ainsi que des messages de représentants de cette époque (comme par exemple le message de Joy Boy sur l’île des hommes-poisson), les ponéglyphes d’information, sur lesquels sont inscrits des instructions ou des indices concernant les emplacements des armes antiques, et enfin les road ponéglyphes, qui sont au nombre de quatre et sur lesquels figurent une coordonnée. Relier les coordonnées de ces quatre ponéglyphes permet de découvrir l’emplacement de Laugh Tale.

Parmi les ponéglyphes antiques, neuf d’entre eux permettent de reconstituer la véritable histoire du siècle oublié. C’est ce que l’on appelle le Rio ponéglyphe. À ce jour, seul Gol D. Roger est parvenu à rassembler tous les fragments de cette histoire et à atteindre la légendaire île de Laugh Tale.


Les inspirations des ponéglyphes


Après avoir retracé le contexte des ponéglyphes, continuons en cherchant quelles auraient pu être les inspirations d’Oda pour imaginer ces pierres. Trois inspirations majeures semblent se dessiner.


Le Château dans le ciel

Dans le culte et magnifique film du studio Ghibli Le Château dans le ciel, les personnages font la découverte des ruines d’une ancienne cité volante, Laputa, bâtie par une civilisation rayonnante à son époque mais aujourd’hui disparue.

Outre ce pitch de base qui n’est pas sans rappeler l’ancien royaume, il s’avère que les entrailles de cette forteresse volante cachent bien des secrets. Lorsqu’ils pénètrent en son cœur, les personnages principaux découvrent un monde sombre, empli de pierres noires aux motifs étranges, qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à nos ponéglyphes. Plus profondément encore, une stèle noire est découverte, sur laquelle est décrite l’histoire de cette ancienne cité et de son peuple dans une langue mystérieuse. Cette langue serait basée sur du vieux Perse d’après l’internaute Napishtim, qui s’est essayé dans un topic de forum à son déchiffrage. L’inspiration pour Oda ne fait ici que peu de doute, d’autant plus lorsque l’on sait que ces éléments proviennent d’un film japonais sorti presque dix ans avant le début de One Piece.


Les hiéroglyphes

Une autre inspiration flagrante des ponéglyphes est celle des hiéroglyphes, alphabet inventé et utilisé en Égypte antique (majoritairement) il y a plus de 4000 ans. On retrouve d’ailleurs une dénomination “glyphe” commune aux deux termes. Celle-ci signifie “gravure” en grec. Les deux alphabets ont également en commun le fait de constituer l’un des derniers héritages d’une civilisation éteinte.

Une chose intéressante à retenir est la façon dont a été percé le mystère des hiéroglyphes. Pour les déchiffrer, le français Jean-François Champollion a utilisé les traductions existantes de la pierre de Rosette, un fragment de stèle en pierre noire et basaltique datant de l’Égypte antique, sur laquelle sont inscrites trois versions d’un même texte. L’une de ces versions étant écrite en hiéroglyphes, il a suffi de la comparer avec les autres versions écrites sur la même pierre, en démotique et en grec (que l’on savait alors traduire), pour décrypter le mystérieux alphabet égyptien. Peut-être trouverons-nous l’équivalent d’une pierre de rosette dans One Piece ?

Pierre de rosette et hiéroglyphes


Le cryptogramme de La Buse

Une autre inspiration pour l’auteur a pu être le cryptogramme de La Buse. La Buse, connu sous le nom d’Olivier Levasseur, était un pirate du XVIIIè siècle. Ce cryptogramme, qui lui est attribué, permettrait de trouver le trésor qu’il aurait caché avant son exécution. Avant de mourir pendu, il aurait jeté dans la foule ce cryptogramme en s’écriant “Mon trésor à qui saura le prendre !”. Cela ne vous rappelle rien ? En effet, cette légende est également une inspiration connue d’Oda pour l'exécution de Gol D. Roger et de ses dernières paroles qui lancèrent l’âge d’or de la piraterie dans One Piece. L’auteur aurait donc également pu s’inspirer de ce fameux cryptogramme (qui reste indéchiffré à ce jour) pour créer l’alphabet des ponéglyphes.

Bien sûr, d’autres éléments historiques ou imaginaires auraient pu inspirer Eiichiro Oda pour les ponéglyphes, comme les pierres runiques des Vikings. En revanche, les trois inspirations présentées nous semblaient particulièrement révélatrices et intéressantes par les nombreux parallèles qu’elles partagent avec l'œuvre.


Décryptage des ponéglyphes


Avant tout, si Oda a réellement inventé un alphabet unique, il est indispensable de savoir comment le lire. En effet, selon les langues et les cultures, une langue peut être lue dans différents sens : le français est par exemple lu de gauche à droite tandis que l’arabe est lu de droite à gauche. Oda étant japonais, il aurait logiquement traduit ses ponéglyphes en japonais. Or le japonais dispose de deux principaux sens de lecture, le sens horizontal, de gauche à droite et de haut en bas, et le sens vertical, de haut en bas et de droite à gauche. Les ponéglyphes devraient donc probablement pouvoir être lus dans l’une ou l’autre de ces configurations. De plus, cette hypothèse est confortée par le fait que le japonais est composé majoritairement d’idéogrammes, chaque symbole correspondant à un objet, une action, une idée. Ainsi, peu de caractères suffisent pour décrire une situation complexe, ce qui semble correspondre avec l’écriture des ponéglyphes.


Ceci établi, comment pourrions-nous déchiffrer les différents caractères qui composent l’écriture des pierres noires ? Cette langue ne semble correspondre à aucun alphabet connu, de près comme de loin. À la manière des hiéroglyphes (eux aussi composés d’idéogrammes à priori), il faudrait donc tout déchiffrer à partir de zéro. Enfin pas tout à fait, puisque nous pourrions utiliser la même méthode utilisée pour déchiffrer ces derniers, à savoir comparer ce qui est écrit sur les ponéglyphes avec leur traduction dans une langue connue. En bref, partons à la recherche de notre pierre de Rosette !

Peut-être serez vous surpris, mais celle-ci existe bel et bien. Le message de Roger, gravé dans le ponéglyphe d’or de la cité de Shandora, correspond en effet à une pierre de Rosette. Puisque Nico Robin traduit le message pour nous et qu’il est parfaitement lisible, la comparaison peut être faite. Malgré tout, le message est relativement court et peu de caractères pourraient être déchiffrés grâce à cette case.

Message de Roger


Une deuxième pierre de Rosette existe en revanche dans le manga. Au chapitre 272, alors que Robin erre dans les ruines de Shandora, elle découvre une stèle gravée dans le même langage, et le traduit. La stèle et les symboles étant parfaitement visibles, le parallèle pourrait également être établi.

Stèle “Pierre de Rosette”


Un problème de taille se pose alors. Puisque le manga est écrit en japonais, il faut se baser sur les textes originaux pour établir ces parallèles entre les caractères des ponéglyphes et leur traduction. La méthode de la pierre de Rosette implique donc de devoir parler japonais.


Mais finalement, les ponéglyphes ont-ils seulement un sens ? Pas besoin de parler japonais pour vérifier cela. Pour savoir si le texte des pierres est déchiffrable, il suffit de vérifier deux points :

  • Lorsqu’un même ponéglyphe est représenté plusieurs fois dans la manga, les caractères utilisés sont-ils les mêmes ? (vérification de la cohérence).

  • Retrouve-t-on des glyphes identiques sur une même pierre ou sur plusieurs ponéglyphes différents ? (vérification de la récurrence).

Le premier point ne se vérifie pas. Le ponéglyphe d’Alabasta et le road ponéglyphe de Zou apparaissent sur plusieurs pages différentes et sont lisibles. Or il s’avère que d’une page à l’autre les symboles ne sont pas strictement identiques. Pour celui d’Alabasta, le nombre de lignes de caractères n’est même pas le même d’une page à l’autre. Le seul ponéglyphe qui vérifie ce point est celui de Skypiea, qui est strictement identique dans ses différentes apparitions. Simple souci du détail ou véritable secret caché ?


Au cours de nos recherches, nous n’avons également pas pu démontrer la récurrence de certains glyphes. Malgré des morceaux de symboles qui tendent à revenir (ronds percés d’un point, formes arrondies, sortes de P, etc.), aucun caractère ne semble se répéter à l’identique. La complexité des caractères rend cependant cette analyse très complexe à réaliser manuellement. Il est possible également que chaque caractère des ponéglyphes ne représente en fait pas un idéogramme mais une phrase entière, ce qui rendrait l’analyse encore plus complexe.


Le mystère insoluble des ponéglyphes


Au cours de cet article, nous avons pu démontrer qu’il était théoriquement possible de déchiffrer les ponéglyphes, grâce à une pierre de Rosette qui existe dans le manga. En revanche, cela implique de savoir parler japonais, et ce à un très bon niveau puisqu’il faudrait être capable d’en comprendre les subtilités linguistiques.

Par ailleurs, nous avons établi qu’il était peu probable que les ponéglyphes soient seulement composés d’un véritable alphabet. En effet, nous n’avons pas pu démontrer de cohérence entre les différents monolithes, ni de récurrence des caractères. Cela tend donc à montrer que l’alphabet des ponéglyphes n’est, malheureusement, qu’une combinaison aléatoire de symboles et de formes.

Il reste néanmoins un espoir pour le ponéglyphe de Skypiea, le seul qui semble cohérent. Peut-être Oda y a-t-il caché un message ? À vous de poursuivre les recherches et de le découvrir !



Crédits :

Article de Styrix, publié en juillet 2021

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